Le zouglou

Apparu au milieu des années 1980 dans la capitale ivoirienne, le zouglou (musique et danse) viendrait selon certaines sources du baoulé "O ti lê zouglou" signifiant "entassés comme des ordures" en référence à l’insalubrité de la ville. On le nomme également « Wôyô » (formule acoustique et originelle aux couleurs bété), « Ambiance Facile » (formule live avec 1 lead vocal et 2 percussionnistes) et « You Phaseur » (formule live plus large initiée par Roger Capri ). S’inspirant des musiques et danses d’animation de divers quartiers d’Abidjan dont Yopougon, Port-Bouët et Abobo, synthèse de plusieurs styles ivoiriens (musique mandingue et musiques de l’ouest) accompagné de percussions, de grelots, de castagnettes et de bouteilles frappées à l’aide de cuillers. le zouglou est u mouvement culturel et social et devient l’expression de la révolte étudiante de 1990. Les messages à caractère humoristique, satirique et contestataire chantés en français populaire ivoirien et en « nouchi » (argot urbain) y tiennent un rôle de premier plan et différentes couches sociales s’y retrouvent, lycéens comme chômeurs diplômés. Le genre est popularisé par les Parents du Campus et les Salopards. Il sera internationalisé par le groupe Magic System et est adopté par des DJs du monde entier.

Musique et danse à l’origine animée par des chanteurs s’accompagnant de percussions lors des mariages, des matchs de foot, des manifestations sportives (les compétitions sportives Oissu notamment) ou des fêtes de quartier, le zouglou devient vite la musique emblématique et la philosophie de la jeunesse lycéenne - le mouvement nait en 1986 au lycée de Gagnoa initié par Christian Gogoua alias "Joe Christy" et Serges Bruno Porquet alias « Opokou N’ti » (ce dernier aurait lancé le nom "zouglou") - puis estudiantine quand Christian Gogoua devient l’animateur vedette de l’Université. Le zouglou s’impose en 1991 avec le groupe précurseur « les Parents du Campus » et son tube " Gboglo Koffi " dénonçant les conditions de vie difficiles des étudiants.

Sont également présents les Salopards, cinq jeunes issus de Yopougon, un immense quartier populaire d’Abidjan. Bouche bée, une des premières cassettes du groupe, remporte un énorme succès avec plus de 100.000 ventes grâce notamment au titre « Vive le maire » .

La musique des maquis

Les messages tiennent un rôle de premier plan dans le zouglou et différentes couches sociales s’y retrouvent, lycéens comme chômeurs diplômés. Les maquis, ces restaurants populaires de Côte d’Ivoire, ont contribué en partie à la popularité du zouglou alors que le genre est boycotté par nombre de médias et discothèques : un disc-jokey sera même renvoyé pour avoir passé un morceau de zouglou.

Second souffle

D’autres groupes s’imposeront sur la scène nationale comme Shuken Pat, Aboutou Roots, Didier Bilé, Zougloumania, Surchoc, Petit Denis, Maga Dindin, Cure Dent Gouro, Espoir 2000 ou l’Enfant Siro et Petit Yodé. Retombé au milieu des années 1990 pour cause de difficultés logistiques (problèmes de productions et de distribution), le genre connaît un second souffle en 1996 grâce à divers groupes dont le System Gazeur, Les Officiers Publics, Manné Star, Baba Nico, Les Nawa You et surtout Les Poussins Chocs, Les Surchocs et Les Salopards de Soum Bill, Bloco et Colin. De nouvelles danses sont crées comme le Gnakpa et le Kpaklo.

Mais il faudra attendre l’avènement de la formation Magic System pour que le zouglou connaisse une renommée internationale...En Côte d’Ivoire, à l’initiative de Blé Goudé, sont organisées plusieurs manifestations autour du zouglou dont le FIZ (Festival International du Zouglou), les Oscars du Zouglou, le lancement par Franck Govoeï, d’une ligne de vêtements 100% zouglou tandis que les universitaires se penchent sur ce phénomène culturel et social.